La pandémie incite à une attention particulière aux traitements par les plantes. Le gouvernement, les députés et les praticiens de la santé se sont réunis ce 25 juin 2020 pour mener la réflexion.
Dans la lutte contre la Covid-19, les solutions de la médecine traditionnelle ne manquent pas. Il fallait être au palais des Congrès de Yaoundé le 25 juin 2020 pour constater la diversité des traitements proposés. Il n’y en avait que pour cette maladie dans la dizaine de stands érigés ici le temps d’une journée d’information et d’échanges entre parlementaires et praticiens de la médecine par les plantes. Pour cette occasion, un accent a été mis sur les solutions traditionnelles pour lutter contre la Covid-19.
Un kit de décoctions est proposé par le phytothérapeute et herboriste Junior Christian Bekono Meyong, promoteur du Groupe Phytobek’s. Trois kits permettent de guérir de la Covid-19 en trois mois, soutient l’inventeur. A côté de cette solution uniquement curative, le Bucovid revendique des vertus à la fois préventives et curatives. Plus loin, la Jatrophacine est présentée par le Dr Ronyl Temfack Vope. Celui-ci propose aussi l’Eucalyptol’s Air and Surface, qui est une composition essentiellement faite à base d’eucalyptus. Il faut la pulvériser pour tuer les germes dans l’air. Le Dr Temfack a aussi mis au point le Lotus médicalisé qui est un mouchoir jetable. Placé dans le masque de protection, il crée pendant 24 heures une barrière contre les microbes, renforçant ainsi l’efficacité du masque.
Dans un stand plus loin, le naturopathe Acha Vincent Njeck vante l’efficacité de la solution qu’il a baptisée Efu Eyoh Ko’oh. Son médicament doit être pris dès les premiers symptômes de la maladie. Le malade adulte peut aussi se mettre au Cincho 4g, une trouvaille de Mounden Njoya Ilissou, chercheur indépendant en pharmacopée traditionnelle. Alors que le Pr Roger Nkamwoua a mis au point la Nkarokine destinée à prévenir la Covid-19. Le Viro-Green est une autre solution proposée par le Dr Joséphine Brian. Elle dit tenir le remède qui prévient et guérit la maladie. Il n’est pas moins intéressant de découvrir le Ngul Be Tara, le remède anti-Covid-19 concocté par le Dr Paule Marlyse Peyou Ndi-Samba, présidente de l’association Reeco international research consortium (Rirco). Enfin il y avait le Derestinc, un médicament préventif et curatif pour toutes les maladies respiratoires.
A cette exposition des solutions anti-Covid-19, il y avait des absents. Notamment l’Elixir Covid et l’Adsak Covid, les deux préparations faites par Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala. Sans compter le Corocur, médicament mis au point par le médecin cardiologue Euloge Yiagnigni Mfopou.
La liste est donc loin d’être épuisée car, le ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation annonce avoir reçu plus de 100 échantillons de médicaments qui sont actuellement soumis à des tests. C’est bien la preuve de la vitalité de la médecine traditionnelle.
Appelez-la aussi médecine douce, médecine parallèle, médecine patrimoniale, phytothérapie ou médecine par les plantes. La réalité demeure la même. Cette médecine fait l’objet d’un regain d’intérêt en ces temps de ravage du Coronavirus face auquel la médecine dite moderne accuse le coup.
Sortir des discours
C’est cette nouvelle attention qui a commandé la tenue d’une séance plénière spéciale de l’Assemblée nationale. La médecine traditionnelle était au centre des débats entre les députés, le gouvernement, les médecins ainsi que les chercheurs et les praticiens de la phytothérapie. Si l’allocution de Mgr Samuel Kleda a été tant applaudie, c’est que le prélat a regretté la déconsidération des soins par les plantes, au profit des médicaments de synthèse que le Cameroun ne produit pas mais importe pour l’essentiel. Au gouvernement et au Parlement, il demande des lois et des décisions en lieu et place des discours convenus.
Mgr Kleda invite à la préservation des forets et des espèces végétales qui s’y trouvent. Mieux, il faut domestiquer les plantes médicinales et les cultiver. L’enjeu étant de ne pas perdre les savoirs que les peuples baka, bagyeli, bedzang et les autres sont en train d’abandonner dès lors qu’ils doivent quitter la forêt. Il devient urgent de mener des recherches sur ces savoirs, les maîtriser et les enseigner dans les universités en systématisant cet enseignement dans la formation des étudiants.
Pour la Covid-19 par exemple, le Cameroun a enregistré uniquement pour la journée du 24 juin 2020 exactement 2316 guéris. De quoi se poser des questions. Le pays enregistre au total 10 100 guéris au 24 juin pour 12 592 cas confirmés et 313 décès. Soit plus de 80% de taux de guérison.
Plus globalement, c’est la phytothérapie qu’il faut intégrer dans les programmes des écoles de médecine. Voilà pour quelques réformes à mener en amont. Il faudra en aval organiser l’utilisation des plantes dans les hôpitaux et dans le système de santé publique en général. Ce nouveau statut donné à la médecine traditionnelle sera confirmé par une loi qui affirmera sa reconnaissance et la sortira de son complexe d’infériorité.
Assongmo Necdem
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