Depuis l’annonce de la mise sur pied par Mgr Samuel Kleda, l’archevêque métropolitain de Douala, d’un remède traitant la Covid-19, les malades ne cessent d’affluer dans les différents hôpitaux catholiques désignés à cet effet. Seulement, pour le moment, le traitement est introuvable.
Il est un peu plus de 12h. Le soleil est au zénith. Mireille, à l’extérieur d’une barrière essaie d’inscrire des notes sur une liste tenue par un monsieur de l’autre côté de la clôture. Ce 28 avril 2020, nous sommes à Codas Caritas de Douala, le comité diocésain des activités sociales-caritas de l’archidiocèse de Douala, situé à non loin du carrefour Terminus dans le 3ième arrondissement de la capitale économique.
A notre approche, la même liste nous est tendue par le vigile. « Si vous avez un malade du corona et que vous venez pour le médicament, mettez votre nom ici», indique le monsieur, avec son masque qu’il manipule de temps à autre pour laisser pointer son nez. « C’est la consigne du médecin et ceci est la 3ième feuille depuis le matin », ajoute-t-il. L’entête est clair. « Liste des malades confinés à la maison.» Plus de 15 noms y figurent déjà et les malades ne cessent de se signaler. Le nom du malade, le lieu de résidence et le numéro de téléphone sont les informations qui y sont requises. Et de ce qui est mentionné, les malades viennent des différents arrondissements de Douala.
Communiqué du coordonateur diocésain de Douala
Mireille a déjà renseigné la liste. La mine crispée, elle a l’air évasive. Vous êtes là pour le remède ? Elle répond par l’affirmative avant de poursuivre « Ma mère est souffrante depuis une semaine. Nous sommes allées en clinique on a tout fait, mais son état ne se stabilise pas. Suspectant le Covid, le médecin a prescrit un scanner qui est revenu positif. Je suis venue ici pour les médicaments de Monseigneur et on me dit qu’il n’y en a plus. Qu’il faut que je laisse mes coordonnés on va m’appeler une fois qu’il y aura le stock », raconte la dame.
À l’hôpital catholique Saint Paul de Nylon, situé à quelques pas de là, l’un des trois hôpitaux du diocèse à disposer du stock de la médication de Mgr Samuel Kleda, c’est le même son de cloche. La sœur qui nous reçoit est visiblement pressée de retrouver les clés de la salle de conférence. Normal ! Un mécène est dans la place. Entre ses pas de course, elle réussit à nous dire que « l’hôpital a reçu plus de 200 malades de Covid-19 et actuellement il n’y a plus de médicaments. Donc, nous les référons vers les autres formations ». Sans plus.
A l’hôpital catholique Saint Albert Legrand de Bonabéri, c’est le même son de cloche. Aucune information ne fuite. La demande du médicament par contre est bien là. Monsieur Kingue est assis à l’accueil avec le scanner attestant que son parent de 71 ans est bel et bien atteint du Covid-19. Une dizaine de personnes attendent. Il est un peu plus de 15h.
A la recherche du précieux sésame
Après 15 minutes d’échange avec le responsable de l’accueil, il ressort la mine resserrée. « Nous étions à la clinique Muna quand on prescrit le scanner pour savoir si c’est le coronavirus. Dès que les résultats sont revenus positifs, ils nous ont renvoyé à la maison avec une ordonnance. Chaque jour, il faut faire le tour des pharmacies pour trouver celles qui ont la chloroquine et les autres pour donner au malade qui ne sort plus de sa chambre », explique Kingue. Ce dernier est parti de Bali pour la cathédrale de Bonadibong avant de se retrouver à Bonabéri à la recherche du précieux sésame de Monseigneur. Il repart bredouille et énervé.
Au sujet de la rupture du stock, la responsable de l’hôpital catholique Saint Albert LeGrand indique à sa secrétaire qu’elle ne parle pas à la presse. Elle renvoie chez le clergé.
À la cathédrale saint Pierre et Paul, les portes sont refermées dès lors qu’on évoque la thérapeutique contre la Covid-19. Monseigneur ne reçoit plus. Allez directement à l’hôpital.
Dans un tweet daté du 27 avril 2020, le Dr Manaouda Malachie, ministre de la Santé Publique du Cameroun, indiquait que « je viens de saisir Monseigneur cet après-midi pour qu’une équipe conduite par le Directeur de la pharmacie se déplace sur Douala pour évaluer son process et l’accompagner sur tous les plans. »
Un prêtre de l’archidiocèse de Douala nous a confié que l’archevêque a d’abord testé son remède sur des prêtres avant de procéder à la grande distribution. Dans un entretien avec des journalistes ce 29 avril 2019 à Douala (voir encadré ci-dessous), l’archevêque rappelle que le produit a été testé sur des médecins avant le grand public. Il indique que même s’il n’a pas encore des résultats des patients ayant pris son médicament, de toutes les personnes ayant pris sa décoction, aucun n’est mort, tous se portent bien et n’ont plus de douleurs. Il annonce que sa potion sera à nouveau disponible.
Par Armelle SITCHOMA
0 commentaires